Espace Femmes (74 – Haute-Savoie) refuse un dialogue inter-associatif proposé par Jamais Sans Papa
En juin 2025, l’association Jamais Sans Papa a souhaité établir un contact avec l’association Espace Femmes, basée en Haute-Savoie et spécialisée dans l’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales.
Cette démarche s’inscrivait dans une volonté d’échanger sur nos approches respectives, sur recommandation de Madame la Députée Véronique Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes à l’Assemblée nationale.
Notre objectif : ouvrir un dialogue inter-associatif afin de croiser les regards et explorer les complémentarités possibles, toujours dans l’intérêt supérieur des enfants.
Nous publions ci-dessous l’intégralité des échanges afin que chacun puisse en prendre connaissance et se forger sa propre opinion.
1. Notre proposition
Madame, Monsieur,
Je me permets de vous écrire en tant que président de l’association Jamais Sans Papa, engagée depuis plusieurs années en faveur de la préservation des liens parents-enfant(s), notamment entre l’enfant et son père dans les situations de séparation conflictuelle.
Dans un esprit de dialogue et de respect mutuel, nous souhaiterions proposer une rencontre entre nos deux associations, convaincus que le partage de nos expériences respectives pourrait, à terme, contribuer à pacifier certaines situations familiales, au bénéfice des enfants.
Nous pensons en effet qu’un regard croisé, complémentaire à nos approches sur chacun des parents, permettrait de mieux comprendre les enjeux actuels et de favoriser un climat plus apaisé pour les enfants concernés. Ce dialogue pourrait enrichir mutuellement nos perspectives et nourrir des pratiques plus équilibrées, dans une logique de co-construction.
C’est dans cette optique que nous avons été encouragés à envisager un tel échange par Madame la Députée Véronique Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes à l’Assemblée nationale.
Privilégiant le lien humain, nous sommes disposés à nous déplacer dans vos locaux si cela vous convient ; compte tenu d’autres engagements à proximité, nous avons notamment des opportunités entre le 30 Juin et le 2 Juillet. Nous pouvons bien sûr aussi nous rendre disponibles sur d’autres dates ou pour tout autre format de rencontre que vous jugeriez approprié (visioconférence, lieu tiers, etc.).
Dans l’attente de votre retour, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
Paul Gaudin
(domicile personnel en région de Bordeaux)
Président Association nationale « Jamais Sans Papa »
Maison des associations – 74, Rue de Montélier
26 000 VALENCE
Tél : 06.07.74.34.74
http://www.jamais-sans-papa.fr
2. Leur réponse
Bonjour Mr Gaudin,
Nous avons bien reçu votre mail et nous excusons pour notre réponse tardive.
Nous vous remercions pour cette proposition de rencontre, malheureusement nous ne pourrons y donner suite.
En effet notre association n’intervient pas dans les situations de conflits familiaux, mais dans les cas de violences conjugales et intrafamiliales, ce qui constitue une différence fondamentale en matière de prise en charge.
S’il apparaît que dans les situations de conflit les enjeux de maintien du lien parents/enfants sont primordiaux, il n’en va pas de même dans les situations de violences conjugales.
Dans le cas de violences conjugales, les enjeux sont de l’ordre de la sécurité et de l’intérêt de l’enfant (et non pas de ses parents). Cela nécessite parfois de couper des liens parentaux pouvant compromettre sa santé et sa sécurité.Nous constatons malheureusement sur le terrain qu’une grande partie des conjoints violents sont également des pères violents envers leurs enfants. Notre terrain d’action, celui des violences conjugales nécessitant de mettre en sécurité les enfants et leur mère, ne permet pas (selon les situations) de rendre souhaitable le maintien du lien père/enfant. Par ailleurs, lorsque la garde est retirée au père, cela ne relève ni de la décision de la mère ni de la nôtre, mais d’une décision de justice qui a été finement étudiée par des personnes compétentes.
Bien que nos deux associations n’agissent pas sur le même terrain d’action, nous nous tenons à votre disposition si vous avez besoin d’un complément d’information sur le sujet.
Je vous prie d’agréer, Monsieur Gaudin, nos très cordiales salutations,
Flora Plassard (Présidente) pour l’équipe d’Espace Femmes, Geneviève D.
3. Notre réponse
Madame Plassard,
Merci pour votre réponse. Nous prenons acte de votre décision de ne pas donner suite à notre proposition de rencontre.
Vous précisez que votre structure intervient uniquement dans les situations de violences conjugales et intrafamiliales. Nous comprenons cette spécificité, même si nous estimons que cela ne devrait pas empêcher un dialogue inter-associatif, d’autant plus lorsque l’intérêt de l’enfant est en jeu.
Nous sommes toutefois interpellés par la généralisation contenue dans votre message, selon laquelle une grande partie des conjoints violents seraient également des pères violents envers leurs enfants. Une telle assertion, formulée sans nuances ni données précises, entretient des représentations problématiques et contribue à entretenir un climat de défiance systématique injustifié à l’égard de la paternité.
De nombreuses situations familiales, bien que conflictuelles, ne relèvent ni de la violence ni de la dangerosité. Or, nous constatons régulièrement sur le terrain que certains parents, notamment des pères, peuvent être injustement disqualifiés sur la base d’éléments non avérés ou instrumentalisés. Ces dérives sont reconnues par nombre de professionnels de justice ou de la protection de l’enfance.
C’est précisément pour mieux distinguer ces réalités complexes que nous proposions un échange, dans un esprit d’ouverture et de complémentarité.
En tant qu’acteurs de terrain, il nous semble essentiel de croiser les regards, plutôt que de figer les postures. Nous regrettons que cette opportunité de dialogue ait été écartée.
Restant malgré tout à disposition si un jour une réflexion croisée vous semblait envisageable, je vous prie d’agréer, Madame Plassard, l’expression de mes salutations distinguées.
Paul Gaudin
(domicile personnel en région de Bordeaux)
Président Association nationale « Jamais Sans Papa »
Maison des associations – 74, Rue de Montélier
26 000 VALENCE
Tél : 06.07.74.34.74
http://www.jamais-sans-papa.fr
4. Analyse
- La volonté de Jamais Sans Papa d’ouvrir un dialogue constructif avec une structure agissant sur un autre champ d’action.
- Le refus d’Espaces Femmes (Haute-Savoie) d’y donner suite, au motif d’une divergence de missions.
- L’utilisation dans leur réponse d’une affirmation généralisante sur la violence paternelle, sans données précises, ce qui contribue à figer les représentations et à entretenir une défiance injustifiée envers les pères dans certaines situations.
Nous restons convaincus qu’un dialogue ouvert et respectueux entre associations, même aux missions différentes, serait bénéfique à l’intérêt supérieur de l’enfant.